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Quartier proche
14 juillet 2005

Il me rassura d'un petit sourire en coin et

Il me rassura d'un petit sourire en coin et remplit nos verres. Ce restaurant me rappelait les soirées que nous y avions passées peu de temps auparavant, et qui me ramenaient irrémédiablement à Nicolas et à sa présence menaçante.

Après m'avoir intrigué, ce garçon m'avait fait peur, m'avait énervé par son agressivité et sa maladresse. Aujourd'hui, je comprenais l'espèce d'emprise qu'il avait eue sur moi : il savait à mon propos quelque chose que j'ignorais. Il connaissait un élément essentiel de ma vie que l'on m'avait caché pendant près de dix-huit ans.
Je me rappelai ses premières tentatives d'approche, alors que j'étais encore au lycée… cette silhouette qui semblait me poursuivre, dans le bus, à pied sur la route, c'était lui. Et ce billet qu'il m'avait fait transmettre par le garçon de ce café, il y avait si longtemps, et que je n'avais pas lu. Peut-être aurais-je alors dû prendre la peine de l'écouter, peut-être aurais-je dû essayer d'aller vers lui. Ce garçon maladroit qui tentait de me dire quelque chose et que je fuyais… si j'avais su… si j'avais su tout ce qui devait suivre, alors je me serais empressé d'aller vers lui, et j'aurais lu son billet. Je me souvins des quelques mots que j'y avais déchiffrés. Et du prénom qui y apparaissait. Celui d'Olivier.

« Laurent, ça va ? »
La main de Matthieu sur mon épaule me sortit de ma rêverie.
« Oui, oui, pardon, j'étais ailleurs… à la vôtre ! »

Nous sortîmes tous les quatre du restaurant quelques instants plus tard. José devait aller en discothèque avec le patron, Matthieu et moi devions rentrer chez ses parents. Au moment de nous séparer, José me prit légèrement à l'écart et me serra dans ses bras.
« C'est sûrement la dernière fois qu'on se voit avant ton déménagement… prends soin de toi. » Il m'embrassa sur la joue et je le regardai partir dans la pénombre de la rue. Mon camarade de classe. Ses fous rires me reviennent encore aujourd'hui dans la lumière des souvenirs du lycée.


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Commentaires
C
On ne vit pas sans se dire adieu, disait la chanson.<br /> A+
S
Toujours autant de plaisir à lire; mais, je te l'ai dit, je n'aime pas les adieux; celui de José me rend déjà triste...
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