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Quartier proche
15 juillet 2005

Je rentrai chez moi dans la matinée. Matthieu et

Je rentrai chez moi dans la matinée. Matthieu et moi avions passé une grande partie de la nuit à discuter et nous étions endormis très tard. La perspective de mon proche départ nous soudait avec plus de force encore et nous redoutions la séparation. Matthieu m'avait promis qu'il viendrait me voir dès qu'il le pourrait, et j'avais de mon côté la ferme intention de passer toutes mes vacances avec lui.

J'arrivai et trouvai la maison déserte. Je pris une douche pour chasser le sommeil qui engourdissait mon cerveau. Je devais rapidement trier et ranger dans des cartons toutes les affaires de ma chambre. Je me mis donc à la tâche et commençai de débarrasser mon bureau. Mes livres de classe, mes cahiers et feuilles volantes, mon agenda. Mon année de lycée, tout entière sous mes yeux. Je détachai du mur le dessin de la caverne et le regardai longuement.

C'était donc ça ? Ces illusions dont on m'avait bercé ? Ces silhouettes multiples qui se mouvaient autour de moi n'étaient pas celles que je croyais ? L'été qui s'achevait m'avait débarrassé de mes chaînes et m'avait conduit vers la lumière de la vérité. Tout près de la flamme qui projetait ces ombres sur le mur de ma vie. Je déchirai le dessin et le jetai avec quelques notes de  cours.

Le souvenir d'Olivier planait sur ces papiers désordonnés. Nos baisers volés dans les toilettes du lycée. Son corps que j'aimais étreindre, comme j'aimais désormais étreindre celui de Matthieu.
Olivier, qui m'avait brutalement été dérobé ce matin de lumière où j'avais disparu de ma propre vie, sur cette route inondée de soleil. Ce soleil éblouissant et cette peur, qui m'apparaissait aujourd'hui comme nimbée d'une blancheur laiteuse, atténuée, effacée, noyée dans l'évanouissement qui l'avait suivie et dont il me semblait ne m'être jamais vraiment réveillé.

Je descendis les escaliers en courant et enfourchai mon vélo. Je traversai les champs, pédalant à perdre haleine, pour atteindre rapidement le village où Olivier avait habité, et où sa mère habitait peut-être encore. À l'entrée du village, je n'eus pas un regard pour cette ferme sordide où vivaient Nicolas et sa mère. Simplement un frisson qui me parcourut le dos.
Essoufflé, j'appuyai mon vélo contre le mur de la maison. Devant moi, l'allée qui menait à la porte d'entrée devant laquelle je m'étais évanoui un an auparavant.
Le cœur battant, je sonnai à la porte.

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