Je ne reconnaissais pas le José que je
Je ne reconnaissais pas le José que je connaissais au lycée. Le garçon futile et rieur avec lequel je m'amusais à imiter les professeurs avait été remplacé par un jeune homme posé, franc et direct. Sans fioritures. José parlait calmement et clairement, son discours était très factuel. Je découvrais avec surprise, satisfaction et gratitude un garçon que je ne connaissais pas.
Je m'étonnai du peu de réaction que le prénom de Nicolas engendra en moi. Je ne dis mot, incitant José à poursuivre son récit.
"Un jour, il doit y avoir deux ou trois ans, le père de ce garçon est mort. Quelques semaines plus tard, Olivier est venu me voir un soir à la maison. Il avait l'air d'avoir peur. Il m'a dit des choses incompréhensibles, m'a dit que ce garçon était taré..."
La moiteur de l'été faisait perler quelques gouttes de sueur sur le front de José. Il but la dernière gorgée de sa bière. Je me levai pour aller en chercher deux autres et repris place dans mon fauteuil. Je sentais un étrange détachement dans ma perception de cette scène, je me sentais spectateur, destinataire d'une histoire qui m'était contée par ce narrateur tranquille.
"Tu es en week-end, non ? Ça te dirait qu'on sorte ce soir ?"
Une demi-heure plus tard, nous étions sur la route qui menait à la ville.