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Quartier proche
5 juillet 2005

Le soleil luisait sur la route, me forçant à

Le soleil luisait sur la route, me forçant à plisser les yeux. Assis sur le siège passager, je regardais Matthieu, qui avait lui aussi le visage marqué par le manque de sommeil.
La voiture s'immobilisa à l'entrée du parking et je descendis ouvrir le coffre pour récupérer mon vélo. Sans un mot, nous échangeâmes un long regard, rageant en silence de ne pouvoir nous embrasser. Matthieu remonta en voiture et s'éloigna rapidement. Je gagnai l'atelier le cœur serré.

Nous étions mardi, et c'était ma dernière semaine de travail. La suite, une incertitude sans nom. Notre départ prochain se trouvait effacé par les révélations de la veille et je ne savais plus que penser de cette rupture de plus. Serait-elle celle de trop ou bien au contraire la rupture salutaire qui me verrait repartir pour mieux recommencer ?


Je pris mon poste en face d'une silhouette inconnue et me plongeai dans le travail. Une immense vague de mélancolie m'envahit au fur et à mesure qu'avançait la matinée. L'accumulation d'émotions aussi contradictoires que celles des mois précédents commençait à me faire perdre pied, imperceptiblement. Mon malaise restait indicible, imprécis, comme une tache floue dans le fond de mon cerveau. C'était plus un sentiment d'impuissance et de vague nostalgie qu'une véritable tristesse.
Porté d'un côté par l'amour de Matthieu, dont je sentais qu'il prenait une place décisive dans ma vie, je me sentais de l'autre côté comme tiré en arrière, happé par un passé que j'avais ignoré jusque là et qui ressurgissait tout à coup comme pour mieux me soustraire à ce nouveau bonheur qui s'offrait à moi.
Le souvenir d'Olivier, lui, ne s'était pas effacé, loin de là, et la présence de Matthieu à mes côtés semblait même le raviver. Non pas comme un fantôme qui me hanterait, mais plutôt comme une flamme ténue qui éclairait mon existence.
Mon lien à Olivier s'était brisé si brusquement, puis tout à coup mes liens familiaux eux aussi, que Matthieu devenait désormais pour moi le seul véritable point de repère.

J'entendis à peine la sonnerie qui marquait la fin de la matinée. Je pris mon vélo sous le soleil pâle de l'été déclinant, las et déjà fatigué de devoir à nouveau affronter les effluves nauséabonds du passé.

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Commentaires
W
haaaa !
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