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Quartier proche
31 mars 2005

Une séparation

 

Le soir qui tombait lentement était encore assez doux. Je laissai la fenêtre ouverte et me tournai vers lui.

Olivier était bien plus grand que moi. Très mince, son corps respirait la santé : des muscles finement dessinés se devinaient sous ses vêtements, et j'aimais à le regarder simplement, pour le pur plaisir des yeux. J'aimais savoir que ce corps m'était offert, j'aimais me le répéter. Savoir que dès que nous serions seuls, je pourrais le toucher, le caresser.
Je n'avais jamais apprécié le sport ou l'exercice physique, mais Olivier avait réussi à me convaincre de m'inscrire avec lui à un club de natation, ce que je n'avais fait que pour le plaisir d'être à ses côtés deux fois par semaine. Mes parents avaient manifesté un étonnement certain mais m'encourageaient à poursuivre cette activité.

Je m'approchai de lui. Il m'embrassa brièvement sur la bouche avant de détourner le regard et de s'asseoir sur mon lit.
"Qu'est-ce qui ne va pas ?"
Il sortit une cigarette et tira deux profondes bouffées avant de commencer à parler. J'en allumai une à mon tour et m'assis à ses côtés.
"Mes parents. Ça fait chier."

Le père d'Olivier avait quitté la maison trois mois auparavant, laissant sa mère s'occuper seule de ses deux enfants. Sa soeur, de quatre ans sa cadette, avait très mal pris cette fuite et s'enfonçait dans un mutisme inquiétant. Olivier semblait plutôt bien gérer la situation, mais je  sentais derrière l'assurance qu'il affichait une certaine lassitude, et surtout un chagrin douloureux, celui de voir sa mère désemparée face à une situation aussi soudaine que précaire.
Son père passait les voir de temps à autre pour les emmener au restaurant, en attendant que le divorce fût réglé, et Olivier m'avait confié ressentir beaucoup de rancoeur envers lui. Son geste lui paraissait inexplicable.

"Il est passé hier soir, il voulait récupérer des affaires. Ils se sont encore engueulés. Il vaudrait mieux quil ne vienne plus du tout à la maison, qu'il nous laisse vraiment tranquilles. Vivement que ça soit fini pour de bon.
- Ça risque de durer encore quelques mois, tu sais. Tu connais Yvon, mon oncle ; quand il a divorcé de sa femme, leur gamin Mathieu a été trimballé de l'un à l'autre pendant des mois, avant que la décision soit prise de le lui laisser. Il faut essayer d'être patient, je sais que c'est pas facile. De prendre soin de ta soeur, surtout, et de bien aider ta mère."
Olivier tira une longue bouffée sur sa cigarette avant de l'écraser dans le cendrier.
Il faisait déjà nuit dehors, mes parents devaient certainement regarder la télévision en bas, et nous ne percevions qu'un mince filet de voix.

"Je peux rester dormir ici ?
- Oui, bien sûr... attends-moi, je descends chercher de quoi manger et dire au revoir à mes parents. J'arrive."

Je refermai doucement la porte de ma chambre derrière moi et commençai à descendre les escaliers.

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