Mon père fronça les sourcils lorsque je lui

Mon père fronça les sourcils lorsque je lui annonçai qu'Yvon était passé dans l'après-midi.
"Qu'est-ce qu'il voulait encore ?
- Rien, rien de spécial. Il a bu une bière et il est reparti. Il a dû rester une demi-heure à peine. Tu savais qu'il avait perdu la garde de Mathieu ?
- Oui, je sais, et c'est très bien comme ça."

Je m'endormis très rapidement. La matinée du lendemain était la dernière de la semaine.
Face à moi, le poste de Nicolas était encore occupé par cet homme dont je ne voyais pas le visage. Je n'entendais plus le bruit des bouteilles et effectuais désormais mon travail machinalement. Je pensais ce matin-là à ma rencontre avec José. Avais-je eu raison de l'appeler ainsi ? Je me demandais si nous saurions quoi nous dire, si j'avais bien fait de vouloir le rencontrer hors du cadre presque codifié des relations que nous entretenions au lycée.
La sonnerie retentit dans l'atelier. Me dirigeant vers la sortie, je retirai les bouchons de mes oreilles. Arrivé devant le portail, j'aperçus Yvon qui se dirigeait vers moi pour aller prendre son poste d'après-midi. Nicolas était avec lui.
Tous deux me firent de loin un vaste signe de la main. Ils avaient l'air de plaisanter, et le dernier son que je perçus fut un éclat de rire.
Je pris mon vélo et me mis à pédaler de toutes mes forces sur la route écrasée par le soleil.