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Quartier proche
20 mai 2005

Je pouvais très bien avoir mal vu, et peut-être

Je pouvais très bien avoir mal vu, et peut-être mon imagination allait-elle bien trop vite. La faible flamme émise par mon briquet avait été très brève, et ce visage aurait pu être n'importe lequel.


Je regardai s'éloigner la petite voiture qui emmenait Nicolas et sa mère. J'essayai de m'imaginer quelle pouvait être leur vie et me la représentai spontanément de façon un peu misérable. J'imaginais les vaches à nourrir et à soigner, j'imaginais la cuisine sombre, ces grandes cuisines typiques des fermes de la région, je la voyais emplie de mouches dans la torpeur de l'été. Une odeur de purin, des caquètements dans la cour. Je frissonnai.

J'enfourchai mon vélo et filai à travers les champs. Quelques voitures me doublèrent encore, certainement d'autres ouvriers qui rentraient chez eux après leur matinée de travail, puis je me retrouvai seul sur la route.

J'eus la sensation soudaine d'avoir déjà vécu cet instant. Certes, je faisais ce trajet tous les jours de la semaine, mais cette fois-ci, ce n'était plus la même route. Je revis la lumière aveuglante de ce samedi matin où je partais rejoindre Olivier, ce matin de septembre où j'avais disparu dans la lumière blanche, avançant d'un rythme assuré vers le soleil. Je n'avais trouvé au bout de cette route que la désolation. Les mois qui avaient suivi étaient effacés de ma vie, rayés, gommés.
Et en ce lundi matin de juillet, vers quoi étais-je en train de me diriger ? La même lumière, le même silence autour. Et des appréhensions, soudain.
Je bifurquai pour me rendre au village où avait habité Olivier. La ferme de Nicolas et de sa mère se situait à la sortie du village.

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