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Quartier proche
27 mai 2005

Nicolas prit son poste quelques minutes après

Nicolas prit son poste quelques minutes après moi, sans un regard. Nous triions les bouteilles comme deux automates, éliminant les unités défectueuses dans une grande caisse qu'un ouvrier venait régulièrement remplacer. J'avais acquis rapidement les automatismes nécessaires et pouvais désormais lever les yeux sans craindre de laisser passer de rebut. Sous son casque, les yeux de Nicolas restaient rivés sur le convoyeur.
La sonnerie de treize heures retentit et je le vis s'éloigner rapidement vers la voiture de sa mère garée devant le portail.
Il en fut encore ainsi le lendemain, puis Nicolas passa en équipe d'après-midi et je me retrouvai à nouveau avec un inconnu.

J'avais repris la cadence de mes premières semaines à l'usine, de ces jours où nous n'avions pas encore fait connaissance et que ne rythmaient que mes lectures et mon travail. Mes après-midi étaient invariablement les mêmes : fourbu et loin de tout, je dormais et lisais sous la chaleur écrasante.
La semaine passa ainsi sans que je n'en remarque rien. J'attendais, en silence, notre départ.
Spectateur passif d'un été morne, je commençais à me ressaisir lentement et les dernières semaines me semblaient irréelles. Seule réalité tangible de mon existence, la sueur qui perlait sur mon front dans l'obscurité de ma chambre aux rideaux tirés. De fines gouttes qui s'accumulaient et dégoulinaient lentement pour se rejoindre sur le haut de mon nez, en formant une plus grosse et plus lourde qui vint s'écraser sur mon livre ouvert.
J'attrapai mon téléphone.
"Salut José, c'est Laurent. Qu'est ce que tu fais ce soir ? Ça te dirait d'aller en boîte ?"

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