Je descendis prévenir mes parents de son
Je descendis prévenir mes parents de son arrivée.
"Pas de problème, il pourra manger avec nous si vous voulez."
Matthieu
arriva en début de soirée. Il salua mes parents et nous montâmes dans
ma chambre. J'avais à peine refermé la porte que nous étions déjà dans
les bras l'un de l'autre, et son sourire illuminait son visage.
"Je suis content que tu m'aies appelé...", me glissa-t-il à l'oreille.
J'aimais
ses baisers pleins de tendresse et ses gestes doux et fougueux à la
fois. Je me laissais aller sous ses doigts, qui me faisaient oublier
tout le reste. Je découvrais son corps avec une admiration enfantine.
Je redécouvrais la légèreté.
Nous descendîmes un peu plus tard
pour manger avec mes parents. Ma mère avait dressé la table au salon,
ce qui me fit sourire. La présence de Matthieu avait l'air de réjouir
mes parents autant qu'elle me réjouissait. Mon sourire semblait combler
leurs attentes. Une fois de plus, je ressentis à cet instant précis
tout cet amour modeste, discret et pourtant débordant dont
m'entouraient mes parents. Le simple fait de me voir heureux faisait
transparaître leur propre joie, mais sans effusion, tout en douceur et
en sous-entendus.
Mon père essayait de faire parler Matthieu, qui
semblait assez intimidé. Il le questionnait sur ses études, évoquait à
son tour ses années d'étudiant. Je n'avais pas vu mon père ainsi depuis
bien longtemps. Habituellement écrasé par le travail et par un
quotidien devenu trop routinier, il avait depuis quelques années
perdu de sa prestance et de sa pugnacité. Il approchait les cinquante
ans à grands pas, et je le sentais quelquefois lâcher prise doucement.
Notre
déménagement de la rentrée était certainement une tentative de
renouveau pour mes parents, et j'espérais sincèrement que mon père
retrouve la fraîcheur et la gaieté que je lui connaissais autrefois.
Après le repas, Matthieu et moi regagnâmes ma chambre.
"Ils sont super, tes parents... t'as de la chance, tu sais.
- Oui. Mais ils ne sont pas toujours comme ça non plus. Je crois que ta présence a beaucoup joué ce soir."
Nous
avions convenu que Matthieu dormirait à la maison et partirait au petit
matin en même temps que moi avec le vélo de mon père. Je réglai le
réveil à quatre heures, le rejoignis et m'endormis dans ses bras.