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Quartier proche
15 juin 2005

Ce fut une impression étrange. Matthieu et moi,

 

Ce fut une impression étrange. Matthieu et moi, tout ensommeillés et encore désireux de la chaleur du corps de l'autre, prîmes chacun notre vélo pour partir sur la route dans la campagne endormie. Nos chemins se séparaient à quelques centaines de mètres à peine après la sortie du village, lui se dirigeant vers la ville et moi vers la verrerie.
Nous nous arrêtâmes au croisement encore désert et nous embrassâmes au milieu de cette vaste étendue de champs mornes. Trois petits mots chuchotés dans le creux de l'oreille.
Je repris la route le cœur serré, me retournant régulièrement jusqu'à voir disparaître sa silhouette au loin.

L'air était frais, annonçant la fin de l'été.
J'attachai mon vélo sur le parking et avisai Nicolas qui se dirigeait vers l'atelier. Je ralentis le pas pour ne pas me retrouver à sa hauteur et entrai dans l'atelier juste après lui. Le même regard sombre sous son casque, inexpressif.
Tête baissée dans le travail, nous étions partis pour huit heures de plus. La matinée du lendemain serait la dernière matinée de Nicolas avant mon départ, puisqu'il reprenait ensuite avec l'équipe d'après-midi. Je souhaitais que ces seize heures se passent au plus vite pour enfin le voir disparaître de ma vie.
Je sentais que bien des choses allaient changer pour moi, et qu'il en était en partie responsable. Et sans même connaître encore la teneur de ces changements, je lui en voulais déjà.
Je le souhaitais hors de ma vie. J'avais déjà assez de mal à y trouver ma propre place pour le laisser empiéter sur mon terrain et y retourner le sol.


Le lendemain, au changement d'équipe de treize heures, je fis mine de me diriger vers les toilettes pour laisser Nicolas partir avant moi. Je ne voulais pas qu'il vienne me retrouver sur le parking et attendis donc cinq bonnes minutes pour m'assurer qu'il fût parti. Une fois dehors, je courus vers mon vélo et le détachai fébrilement en me retournant de temps à autre.
Je pris la route en pédalant de toutes mes forces. Je roulais à perdre haleine, comme si je fuyais Nicolas et sa présence menaçante, comme si je sentais encore dans mon dos son souffle rauque qui tentait de me retenir.

Arrivé à la maison, je ne pus retenir mes larmes. Matthieu était là et m'attendait. Il fut certainement surpris par mes pleurs soudains, dictés par le soulagement, la surprise et la joie de le trouver chez moi à ce moment précis.
Simplement, il me serra longuement dans ses bras sans chercher à comprendre la raison de mes larmes.

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Commentaires
F
Nico, j'avoue que j'y suis moi aussi assez attaché, à ce "petit monde", et que la perspective d'une fin proche me chagrine un peu... et pourtant c'est inéluctable ! Voilà donc, Mijie, pourquoi je fais durer le plaisir par petits morceaux ;)
M
ah non! ce passage$ là était trop court! j'ai besoin de plus de substance! dire que je suis du genre à veiller jusqu'à sept heures pour avoir la fin d'un livre et que la il faut que j'attendre... t'es dur ;)
S
Tout est rentré dans l'ordre! Mon blog s'affiche avec de plus la nouvelle mise en page!<br /> <br /> J'ai commencé à lire ton "roman" tu écris très bien. <br /> En fait, il faut que je commence bien plus bas, pour avoir le début!<br /> <br /> A+<br /> Biz <br /> Shakti
N
Farf, tu nous tiens en haleine et il me tarde de lire la suite.<br /> J'adore ce petit monde clos sur lequel pèsent tous ces secrets et ces non-dits. :D
F
Euh... "mis" sans "e" ira très bien ;)
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