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Quartier proche
3 avril 2005

Un trajet

   

Le bus était bondé. Le trajet durait une vingtaine de minutes durant lesquelles nous traversions la campagne environnante avant de rentrer dans le centre ville.
Debout au milieu de quelques congénères, m'accrochant comme je le pouvais à la barre métallique qui courait le long du plafond du véhicule, j'observais ce petit monde qui se préparait à affronter l'univers du lycée : filles maquillées et parfumées, garçons qui, l'air de rien, avaient eux aussi fait un effort pour paraître un peu "mieux" qu'à l'accoutumée, certains n'ayant pas hésité sur les doses de déodorant. J'aimais beaucoup cette effervescence silencieuse des premières journées de cours, où l'on se jaugeait du regard en attendant de savoir à qui l'on avait à faire.
Je remarquai, vers le fond du véhicule, assis près de la fenêtre, un garçon dont les yeux me semblaient se détourner de moi dès que mon regard croisait le sien. Je portai donc mon regard droit devant moi, faisant mine de regarder défiler les champs, mais me sentis immédiatement scruté.
Je tournai rapidement la tête et eus à peine le temps de croiser à nouveau son regard fuyant. Tout à coup, le jeune homme se leva pour appuyer sur le bouton de demande d'arrêt qui se trouvait à quelques centimètres à peine de ma main.
Bousculé par un cahot, il s'accrocha soudain à mon bras. Sans même me regarder, il se ressaisit et pointa son doigt sur le gros bouton rouge avant de reprendre parfaitement l'équilibre. Il me tournait désormais le dos.
Le bus s'immobilisa quelques secondes plus tard pour le laisser descendre à l'orée de la ville. Juste avant que les portes ne se referment derrière lui, il eut le temps de se retourner pour me jeter un dernier regard, dans lequel je crus lire une sorte de curiosité teintée non pas de peur, mais d'une forme d'inquiétude qui me rendit perplexe.
Peut-être ce jeune homme pensait-il reconnaître en moi une de ses connaissances, ou m'assimilait-il par erreur à quelqu'un d'autre.

Nous arrivions en ville. Le bus s'arrêta devant l'entrée du lycée et repartit presque vide. La sonnerie retentit peu après et je m'engouffrai dans la salle de classe pour aller retrouver José, qui m'avait gardé une place près de lui.

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