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Quartier proche
1 mai 2005

Nicolas était plus grand que moi, massif et

Nicolas était plus grand que moi, massif et quelque peu pataud dans sa démarche. Il pouvait facilement être assimilé au cliché du "gars du Nord" gentil mais pas très fin, serviable mais un peu bête. Son accent prononcé et son parler très direct confortaient encore cette image et contribuaient à me le rendre sympathique.
Les trois jours où il travaillait en matinée, nous avions pris l'habitude de fumer une cigarette devant l'atelier avant de commencer le travail, et il me raccompagnait toujours jusqu'à mon vélo avant de rejoindre, comme je l'appris un peu plus tard, sa mère qui l'attendait en voiture devant le portail de l'usine.
Il avait grandi et habitait encore dans le village où habitait Olivier. Il vivait seul avec sa mère, et je compris que son père devait être décédé quelques années auparavant.

Depuis la disparition d'Olivier, je n'avais jamais remis les pieds dans ce village. Sa mère m'avait appelé une fois, je n'avais pas répondu en voyant son numéro s'afficher, et avais écouté son message. Elle m'invitait à passer la voir si jamais j'en éprouvais l'envie et m'assurait que cela lui ferait très plaisir. Je ne lui avais jamais répondu.

Un matin, alors que j'étais concentré sur les bouteilles qui défilaient devant moi, ne pensant à rien d'autre qu'à mon travail, je sentis une vague de fatigue envahir soudainement mes yeux. Le perpétuel mouvement des bouteilles, auquel devait correspondre un incessant mouvement oculaire de va-et-vient, me fit tout à coup tourner la tête, très brièvement. Une sorte de vertige fugace me prit, et je levai rapidement les yeux pour rompre ce mouvement. Nicolas me regardait, il me sourit. Je tentai de reprendre pied mais la tête me tournait toujours, de plus belle. Le bruit assourdissant du verre contribuait lui aussi à accentuer mon malaise, ainsi que la chaleur ambiante, étouffante. Le sourire de Nicolas se figea et je lus dans ses yeux une soudaine inquiétude. Les bouteilles s'accumulaient devant nous, l'une d'entre elles se brisa, je tombai brutalement en arrière.

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