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Quartier proche
14 mai 2005

José dansait non loin de moi. Nous nous

José dansait non loin de moi. Nous nous regardions longuement dans les yeux par moments, et l'intensité de ces regards me grisait. Je ne pensais plus à rien qu'à l'instant présent, à mon corps qui s'abandonnait à la musique et à la danse dans une sorte de communion extatique.
Je fus tiré de cette absence par un tapotement discret sur mon épaule. Le jeune serveur du restaurant se tenait derrière moi et dansait lui aussi. Je me tournai vers lui et nous restâmes ainsi longtemps face à face, au rythme de ces musiques qui semblaient ne jamais vouloir s'arrêter. Au bout d'un instant, il commença à s'éloigner vers le fond de la salle après m'avoir invité à le suivre du regard.
Je le suivis sans réfléchir. J'avais atteint comme un état de non retour, une ivresse tellement profonde que je ne contrôlais plus rien, et que je ne cherchais même plus à contrôler quoi que ce soit.


Le couloir était plongé dans une obscurité presque totale. Je sentais autour de moi des présences très proches, palpables. Il me semblait presque percevoir, sous la musique assourdissante, des souffles rauques et des mots murmurés. Mes yeux commençaient à s'habituer à l'obscurité et je distinguais de plus en plus nettement de nombreuses silhouettes attroupées par petits groupes. Je suivais le serveur en le tenant par la main.
Plus nous nous éloignions, plus la musique était sourde et laissait planer une atmosphère à la fois tendue et terriblement excitante. L'odeur âcre que j'avais perçue en entrant dans la discothèque était désormais plus forte que jamais. Nous nous trouvions maintenant dans une pièce complètement noire. Je serrais toujours la main du serveur, qui s'arrêta d'avancer. Il me caressa la nuque de l'autre main, ou était-ce quelqu'un d'autre, et me lâcha soudainement.
Je me tenais debout dans le noir, au milieu de cette pièce dont je n'aurais pu déterminer la taille mais qui me paraissait immense. Autour de moi, je m'imaginais tous ces corps grouiller comme autant d'insectes, il me semblait presque percevoir le son de ces bouches qui se cherchaient et de ces souffles qui se mélangeaient.
Une main se posa soudain sur mon torse et se glissa rapidement sous mon t-shirt. J'eus un mouvement de recul et me heurtai à un mur. La main descendit vite vers mon sexe, qu'elle commença à caresser à travers mon jean. Pendant ce temps, je sentais le visage de cet inconnu s'approcher du mien. Son souffle frôla ma nuque et il me planta un baiser dans le cou sans interrompre les mouvements de sa main sur mon entre-jambes. Je ne maîtrisais plus rien et me laissais faire sans même chercher à réagir.
J'étais partagé entre la curiosité, l'excitation et le dégoût. Je devinais dans mon dos un mur sale et sous mes pieds un sol souillé par les ébats anonymes de ces hommes devenus animaux. Je me sentais moi-même empli de pulsions bestiales que je n'essayais pas d'analyser ni de réprimer. Je laissai donc les mains de cet homme parcourir mon corps, sans toutefois répondre à ses baisers. D'autres mains le rejoignirent. Combien étaient-ils ?
Appuyé contre le mur, mon pantalon aux chevilles, je ne pensais plus à rien. Le plaisir physique ou physiologique que j'éprouvais était plutôt moindre, mais exacerbé par l'excitation malsaine que me procurait ce lieu : l'obscurité, l'anonymat et la bestialité de ces rapports me troublaient profondément.

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