José dansait non loin de moi. Nous nous
José dansait non loin de moi. Nous nous
regardions longuement dans les yeux par moments, et l'intensité de ces
regards me grisait. Je ne pensais plus à rien qu'à l'instant présent, à
mon corps qui s'abandonnait à la musique et à la danse dans une sorte
de communion extatique.
Je fus tiré de cette absence par un
tapotement discret sur mon épaule. Le jeune serveur du restaurant se
tenait derrière moi et dansait lui aussi. Je me tournai vers lui et
nous restâmes ainsi longtemps face à face, au rythme de ces musiques
qui semblaient ne jamais vouloir s'arrêter. Au bout d'un instant, il
commença à s'éloigner vers le fond de la salle après m'avoir invité à
le suivre du regard.
Je le suivis sans réfléchir. J'avais atteint
comme un état de non retour, une ivresse tellement profonde que je ne
contrôlais plus rien, et que je ne cherchais même plus à contrôler quoi
que ce soit.
Le couloir était plongé dans une obscurité presque
totale. Je sentais autour de moi des présences très proches, palpables.
Il me semblait presque percevoir, sous la musique assourdissante, des
souffles rauques et des mots murmurés. Mes yeux commençaient à
s'habituer à l'obscurité et je distinguais de plus en plus nettement de
nombreuses silhouettes attroupées par petits groupes. Je suivais le
serveur en le tenant par la main.
Plus nous nous éloignions, plus la
musique était sourde et laissait planer une atmosphère à la fois tendue
et terriblement excitante. L'odeur âcre que j'avais perçue en entrant
dans la discothèque était désormais plus forte que jamais. Nous nous
trouvions maintenant dans une pièce complètement noire. Je serrais
toujours la main du serveur, qui s'arrêta d'avancer. Il me caressa la
nuque de l'autre main, ou était-ce quelqu'un d'autre, et me lâcha
soudainement.
Je me tenais debout dans le noir, au milieu de cette
pièce dont je n'aurais pu déterminer la taille mais qui me paraissait
immense. Autour de moi, je m'imaginais tous ces corps grouiller comme
autant d'insectes, il me semblait presque percevoir le son de ces
bouches qui se cherchaient et de ces souffles qui se mélangeaient.
Une
main se posa soudain sur mon torse et se glissa rapidement sous mon
t-shirt. J'eus un mouvement de recul et me heurtai à un mur. La main
descendit vite vers mon sexe, qu'elle commença à caresser à travers mon
jean. Pendant ce temps, je sentais le visage de cet inconnu s'approcher
du mien. Son souffle frôla ma nuque et il me planta un baiser dans le
cou sans interrompre les mouvements de sa main sur mon entre-jambes. Je
ne maîtrisais plus rien et me laissais faire sans même chercher à réagir.
J'étais partagé entre la curiosité, l'excitation et le
dégoût. Je devinais dans mon dos un mur sale et sous mes pieds un sol
souillé par les ébats anonymes de ces hommes devenus animaux. Je me
sentais moi-même empli de pulsions bestiales que je n'essayais pas
d'analyser ni de réprimer. Je laissai donc les mains de cet homme
parcourir mon corps, sans toutefois répondre à ses baisers. D'autres
mains le rejoignirent. Combien étaient-ils ?
Appuyé contre le mur,
mon pantalon aux chevilles, je ne pensais plus à rien. Le plaisir
physique ou physiologique que j'éprouvais était plutôt moindre, mais
exacerbé par l'excitation malsaine que me procurait ce lieu :
l'obscurité, l'anonymat et la bestialité de ces rapports me troublaient
profondément.