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Quartier proche
9 juin 2005

Le repas fut silencieux. Attablés tous les trois

Le repas fut silencieux. Attablés tous les trois dans la cuisine, nous mangeâmes rapidement et presque sans un mot. Mon père avait l'air épuisé, et le regard de ma mère trahissait son inquiétude ainsi qu'une certaine lassitude.
Elle avait commencé à préparer les cartons pour notre déménagement prochain, et les empilait au fur et à mesure sur le palier, à l'étage. Ce départ me semblait encore improbable. Nous attendions le mois de septembre pour contacter un lycée qui puisse m'accueillir, et mon père avait prévu de partir la dernière semaine du mois d'août à la recherche d'une maison.

Je montai me coucher tôt, épuisé par cette fin de semaine agitée. Le visage de Matthieu occupait mon esprit, et celui d'Olivier s'y mélangeait par moments, dans des rêves flous et pénibles qui me tinrent jusqu'au réveil.
Il me restait encore deux semaines à la verrerie.

"Salut Laurent !"
Mon oncle Yvon prenait son poste de matinée lui aussi. Il ne travaillait pas avec moi, étant occupé à la cuisson du verre dans un autre bâtiment.
Il s'approcha de moi et me tendit la main alors que j'avais eu le réflexe de tendre ma joue pour l'embrasser comme j'en avais l'habitude.
"Tu vas bien ? Bon week-end ?
- Bien, merci... et toi, tu devais pas repasser à la maison pour voir mon père ?
- Si, si, je passerai un de ces jours. Alors, t'as revu Nicolas depuis la dernière fois ?
- Au boulot, oui, on a fait trois matinées ensemble la semaine dernière. Ne t'en fais pas, tout va bien. Il devrait être là ce matin, d'ailleurs."
Je ne voulais pas raconter à Yvon ce que j'avais appris la veille à mes parents. Je considérais qu'il était extérieur à cela et souhaitais conserver une certaine distance avec lui. J'étais de plus en plus gêné à chacune de nos rencontres, sans pouvoir expliquer ce qui me poussait à cette retenue qui venait entacher l'affection que je pouvais lui porter.
"Bon, ben travaille bien ! À un de ces quatre !"
Yvon s'éloigna vers le fond de la cour pour rejoindre ses collègues. J'enfilai mes bouchons de protection et entrai dans l'atelier.

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